Voyage, subst. masc.

Ah, voyage, voyage ! "Mon enfant ma soeur/ songe à la douceur/ d'aller là-bas vivre ensemble !" car "là tout n'est qu'ordre et beauté/ luxe, calme et volupté" Baudelaire nous le disait si bien dans L'invitation au voyage, l'ailleurs est idéal. "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage" disait aussi Du Bellay. Combien d'auteurs nous ont vanté les mérites du voyage ! L'Odyssée  nous montrait l'épreuve que constitue le voyage mais aussi les beautés de l'ailleurs : les sirènes, les cyclopes, les jardins, les femmes... Symbole de l'accomplissement de l'homme, le voyage est aussi rencontre. Les textes de Marco Polo (Le devisement du monde) et de Jean de Léry ( Récit d'un voyage fait en la terre du Brésil) nous emmènent autant à la rencontre des lieux que des hommes... sans parler des animaux, la description du fameux tatou vaut le détour. Enfin tout cela n'est peut-être pas nécessaire si on en croit Chateaubriand, toujours modeste,  pour qui "l'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir, il porte avec lui l'immensité" (Dans de la restauration et de la monarchie élective).  Je préfère de loin l'avis de Montaigne pour qui "il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui". Ah les images de Montaigne, toujours inatendue et pourtant si justes !

Le voyage en littérature continue d'inspirer : du Voyage au bout de la nuit  de Céline au sur la route  de Kerouac, de La prose du transsibérien  de  Cendrars à La route des Flandres de Simon. Autant de textes qui nous racontent une expérience de voyage que l'on ne vit plus vraiment: mais en même temps 500 pages sur un voyage au Club Med ça fait moins rêver ! ( Et puis pourquoi pas ?) comme le disait le mirifique Alphonse Allais "les voyages forment la jeunesse, mais déforment les chapeaux"Oeuvres posthumes.