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Point trop n'en faut
1 avril 2009

Farce, subst. fem.

Malgré ma déception de n'en  avoir pas été l'objet aujourd'hui (mes élèves n'ont même plus le goût de la farce), je me  penche aujourd'hui sur ce qui désigne en littérature une pièce de théâtre bouffone et grotesque au comique souvent grossier. Et si on veut jouer sur les mots la farce de notre dinde et celle de la littérature sont originellement la même chose : la Farce  au départ c'est ce qui vient "farcir" les liturgies théâtrales du Moyen-Age (appellés mystères), sous forme d'intermèdes comiques parce que les curetons l'avaient compris à cette époque la religion est bien plus drôle quand on rigole.

La farce donc, est grasse et grosse et est censée faire rire, la plupart du temps en éduquant un peu puisque c'est souvent ainsi que nos auteurs souhaitent nous faire nous gausser. Exemple typique de la farce selon Cocteau : Le bourgeois gentilomme de Molière. La commedia dell arte d'avant Marivaux, le théâtre de foire, tout cela fait rire en suivant les instincts les plus bas, coups de pieds ( ou d'autre organe moins dicible) dans le derrière, coups de vin dans le nez, coups tout court...

Mais, au fur et à mesure du temps et dans le sombre tunnel du dix-neuvième siècle la farce est devenu l'archétype du rire jaune. Mélancolie ou désillusions, Flaubert ou Rimbaud nous rappellent à la triste et vaine réalité : "Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. Rions pour ne pas pleurer." dixit Flaubert dans une lettre à Louise Collet de juillet 1852, en même temps c'était l'été et on a appris il y a peu que l'été n'était pas vraiment la saison de Gustave. Rimbaud dans une Saison en Enfer (l'été 1873 cette fois) y allait d'un joyeux : "La vie est une farce à mener par tous" ce qui montre une fois de plus que la vie n'est qu'une illusion qu'il faut jouer pour ne pas trop se désespérer, osons citer Shakespeare et son expression canonique : "Je tiens ce monde pour ce qu'il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle".

Allez n'oublions pas que "le rire est le propre de l'homme" comme le disait Rabelais. Si nous sommes forcés de jouer la comédie,  il me semble que cela tombe plutôt bien.

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Commentaires
O
A rapprocher de "saynète"! L'étymologie nuos rapproche du gras, du "sain", qui a donné saindoux... Et c'est là qu'effectivement,, il y a de la frite là-dessous! En notre époque de lipophobie (née après la guerre) , il convient d'évoquer le gras avec le bonheur de la farce!
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