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Point trop n'en faut
9 mai 2009

Tristan Corbière

Tristan Corbière 1845-1875

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     Tristan Corbière a vécu trente ans. Trente années qui n'ont produit qu'une oeuvre Les amour jaunes mais trente années qui lui ont suffit pour accéder à la postérité. Son existence miséreuse ne lui apporta pas la gloire, c'est Verlaine qui le fit puis les surréalistes.

Corbière est donc né en 1845 d'un père de plus de 50 ans et d'une mère de 19, dans la Bretagne des alentours de Morlaix, près de la mer tumultueuse que j'aime tant. Lui aussi. A 14 ans il aimerait être marin mais il est envoyé à Nantes pour ses études et manque de pot, dès ce jeune âge il ressent les premières douleurs de la tuberculose. Envoyé à Roscoff "la Nice du Nord" (ah ! ah!) il est condamné à regarder la mer par les fenêtres. Dans cette solitude il compose des poèmes, ceux qui formeront le recueil des Amours jaunes

Toujours aussi malade, au sortir de l'adolescence, Corbière se fait appeller Tristan (Triste En Corps Bière) prénom qui convient mieux à sa destinée, il n'est toujours pas guéri de sa "coqueluche pour la mateluche" et puisqu'il est laid (il s'appelle "le crapaud") il se déguise poour écumer les bars de marins, une pipe, un chapeau et invente des récits de naufrage pour épater les donzelles.

La Bretagne est à  la mode chez les peintres et les auteurs : Gauguin, Flaubert, ... tous font le détour par Pont-Aven et le Finistère, se liant d'amitié avec ces bohèmes artistes Corbière  fait encore le show et les parisiens l'adorent. "coloriste mais blême" il part sur les routes avec Jean-Louis Hamon, à Capri où il se mêle à d'autres peintres exerçant lui-même le croquis.croquiscorbiere (cf. à droite)  De retour à Roscoff Tristan rencontre celle qu'il surnomme sa "cigale" une actrice d'origine italienne, Armida qu'il appellera Marcelle, vraiment la plus belle maîtresse d'un de ces amis. Il emmène sa douce voguer un peu mais à son départ, le prénom qu'il s'est choisi prend tout son sens : inspiré par Tristan de Loonois fou de son Yseult il s'enferme et rédige un poème d'amour qu'il déchire au matin... grande tragédie ou grande comédie, on ne sait jamais avec Corbière qui raconte cet épisode dans le poème Le poète contumace .

      Mais dans ce trou qu'est Roscoff au milieu du XIXème siècle, les poètes ne font que passer, ainsi Tristan s'en va à Paris, essayant de devenir dandy. Mais l'ami de Marcelle est toujours là, Tristan tient donc la chandelle à Paris comme à Douarnenez où il emmène promener Madame et Monsieur. Un peu lassé d'être la troisième roue du vélocipède Tristan découvre les joies de Montmartre lui qui habite Boulevard Clichy, il se délasse donc d'une existance légère tandis que Marcelle est avec Monsieur. La poésie revient au premier plan :  puisque les Amours sont catastrophiques, les Amours jaunes paraissent en 1873, à compte d'auteur, payé par papa Corbière. Un tout petit succès pour le recueil. Ce n'est qu'en 1883 que Verlaine s'enflammant pour ce "poète maudit" comme il les aimait tant amènera le recueil a être republié. Mais nous allons voir que cela n'affectera pas Tristan.

   Ce qui l'affecte en 1875 c'est la maladie, malgré le petit succès, malgré Marcelle qui enfin accoure à son chevet Tristan a la désagréable sensation d'avoir craché sur sa poésie et son amour dans ses poèmes : car maintenant qu'il est populaire, à quoi sert-il d'être amer ? D'autant qu'il meurt et qu'il plaisante même d'être emmené chez le Dr Dubois "celui dont on fait les cercueils" et il devient ce "petit mort pour rire" en mars 1875. 

"Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes —
Va vite, léger peigneur de comètes !"  Petit mort pour rire

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