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Point trop n'en faut

23 janvier 2012

école, subst. fem.

Demandez à des élèves à qui vous venez de lancer un contrôle surprise : A quoi sert l'école ? Au début vous aurez ce type de réponses, murmurées sauf par le Kévyn-grande gueule de la classe ( oui, Kévyn, c'était facile, toutes mes excuses à tous les Kévyn mais avouez qu'avec cette orthographe, on peut rigoler un peu...).

Bref, demandez leurs des arguments, ils n'en trouvent que pour dire que l'école a ses avantages. Je pense que mes élèves manient déjà très bien la langue de bois.

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21 janvier 2012

Titre, subst. masc.

Le titre est un exercice. Accrocher, retenir le passant devant sa boulangerie jusqu'au bout des douze mots. Parfois avec joie, souvent avec horreur, mais bien desfois on hésite ("Allongé sur l'autoroute, il se fait écraser par un camion") le titre est la condensation de ce qui doit être dit parfois en mille pages, parfois non. Le titre peut aussi se suffire à lui-même, devenir le corps du texte comme le fait l'inconnu qui oeuvre ici : Ajustetitre. Le titre "Allo? c'est Robert, j'appelle car notre bateau coule" laisse un champ des possibles extraordinaire pour l'imagination... il nous indique une situation qui pourrait être la base ( ou le résumé) de l'incompréhensiblement long roman de Melville : Mardi . Mardi, titre vague et polysémique qui en français nous ramène au début de semaine et à Mercredi, personnage tout aussi aventureux que ceux de Melville. La question de la traduction du titre est tout aussi épineuse, comment transformer l'original? Comment donner envie à des allophones ? La traduction du titre ne plait pas toujours, Quant à savoir quel est le titre le plus con, Google nous donne une réponse, appropriée.

25 mai 2010

livre, subst. masc.

Le livre est-il une invention aussi primordiale que la roue ? C'est en tout cas l'avis de Umberto Eco qui paraît dans  cet article de Télérama.
Le livre survivra-t'ilsurvivra-t-il à Internet ? Question que seul un journaliste peut poser, on a quand même envie de lui répondre, évidemment gros couillon ! Le problème sera peut-être quel type de livres survivra (dans le sens où il gardera un intérêt esthétique et non pas pratique) à Internet.
La lecture pose problème depuis longtemps dans le milieu éducatif, aujourd'hui plus qu'hier ? Ça je ne sais pas mais aujourd'hui plus qu'il y a quarante ans, c'est possible. Le problème est qu'aujourd'hui, la jeunesse lit beaucoup. Beaucoup mais peut être pas dans le même intérêt que ses prédécesseurs. Aujourd'hui, on lit souvent court, concis, rapide, efficace. Pas le temps de s'attarder sur un mot, une phrase, sauf peut-être pour pointer un adjectif épithète ou un subjonctif et enchaîner avec une étude morphologique. Pas le temps non plus de s'attarder sur la sortie de tel ou tel ouvrage, il en reste 699 à lire ( 700 romans à la dernière rentrée littéraire), il faut lancer la chronique de Daniel Morin ou encore lancer le jingle de la météo.
Et alors ?
Est-ce GRAVE ? Je ne sais pas. Vous me direz que je ne sais pas grand chose. Doit-on se dire qu'il y a trop de lecture ? On ne peut plus dire "la chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres", en même temps, ce n'est pas uniquement ce que dit Mallarmé.
Quant à la disparition du livre au profit du livre électronique qui inquiète et secoue l'édition ou la "sphère" littéraire, c'est un débat à mon avis un peu à côté de la plaque, puisque le livre en papier, qui vieillit, qui se pose, qui n'a pas besoin de s'éteindre quand on s'endort dessus, risque de durer encore un peu, dans les mains de ceux qui ont envie de le lire. Les autres en feront des cales pour leur bibliothèque de DVD et de CD qu'ils n'utilisent plus...

Laissons le mot de la fin ( un bon stéréotype de plus) à John Ruskin dans Sesames and Lilies (que je n'ai pas lu) :
"Il a deux types de livres : les livres du moment et les livres de toujours"

22 mai 2010

Argentine, nom propre.

Raoùl Lemessof est argentin, Raoùl a une Ford 1979 qui lui vient des Forces Armées Argentines, ayant servi sous la dictature. Raoùl aime la littérature et la paix dans le monde. Raoùl a créé une "arma de instruccion massiva ":

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http://www.flickr.com/photos/iluminame/3785357677/

Raoùl sillonne donc les rues de Buenos Aires à bord de Titine, ce plasticien se veut à la fois un soldat de la paix et un Robin des Bois des temps modernes, ce qui fait peut-être un peu beaucoup pour un seul homme... En effet par le biais de son site web qui ne fonctionne d'ailleurs plus (ben oui, on peut pas être au tank et au moulin) il invite ceux qui ont des livres dont ils n'ont plus besoin (les riches) à donner pour ceux qui n'ont pas de livres (les pauvres). Le concept de voler aux riches pour donner aux pauvres est donc un coup de com' ou alors le sens du mot "voler" à changé récemment. Enfin, l'intention en elle-même est épatante, Raoùl par l'humour et l'évocation du passé violent de son pays distribue de la littérature et créé un réseau d'échanges, comme il dit « Si l'Arme croise votre chemin, n'hésitez pas à choisir un livre, le prendre et vous engager par la suite faire don de quelques livres que vous avez chez vous. L'ADIM passera les prendre chez vous »

Raoùl continue sa route dans toute l'Amérique Latine, promis s'il passe à Montbéliard je lui emmène mon exemplaire de Mathieu Gou(x)

Pour plus d'infos si vous êtes hispanophone :  http://www.youtube.com/watch?v=FDyK3-G7K68&feature=player_embedded   

22 mai 2010

agregation lettres modernes 2011 programme paru

Quasi conforme aux rumeurs, à lire ici : SIAC

Non pas Alexandre pour Racine mais Brittanicus

Non pas Les égarements... pour Crébillon mais Lettre de la marquise de ...... au comte de.....

Violence au théâtre :
Titus Andronicus de Shakespeare
Viol de Botto-strauss
Anéantis de Sarah Kane
Médée de Corneille

et avec ça  ?

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19 mai 2010

Le 04 juin 2010 - When you're strange

J'inaugure une nouvelle catégorie aujourd'hui qui aura pour objectif  de rendre compte de l'activité culturelle à Montbéliard, cette si charmante bourgade !

Heureusement, quelques esprits rebelles subsistent à la grisaille ambiante et aux autres "wesh gros" notamment le ciné-club de l'Impossible qui porte bien son nom. Une programmation pas toujours très attrayante mais toujours de bon goût et notamment le 4 juin "When you're strange" docu de Tom DiCillo, réalisateur de Ca tourne à Manhattan dans ses jeunes années, et dont la narration est faite par Johnny Depp. Le film qui sort le 10 juin en France ( ce sera donc une avant-première) retrace les grandes heures des DOORS uniquement grâce aux images d'archives. La projection au COLISEE ( cinéma trop souvent vide) en centre ville de Montbéliard sera précédée d'un concert !
Plus d'infos ici ou en cliquant sur l'affiche :

DOORS1_2

18 mai 2010

Agregation 2011

Voila un message, bien que je n'ai pas posté depuis longtemps, qui va faire faire un bond aux statistiques !
Avant de commencer, merci à ceux qui trainent chez moi, je vous vois qui viennent et reviennent et j'espère moi aussi revenir bientôt; l'année a été longue, elle a été dure moralement et physiquement mais la prochaine sera peut-être pire.

Les nominés dans la catégorie agregation externe sont :
Moyen-âge : Les ballades de Charles d'Orléans
XVIème : livre I des Essais de Montaigne ( histoire de se fendre la gueule)
XVIIème : Racine et un groupement encore vague : La Thébaïde, Alexandre et Mithridate ou alors peut-être Andromaque ... les avis divergent.
XVIIIème : Crébillon fils (et oui!) Les égarements du coeur et de l'esprit (oh oui !)
XIXème ; Aloysius Bertrand Gaspard de la nuit
XXème : Robbe-grillet Les Gommes et La Jalousie

pour la comparée :
La poésie épique devrait être reconduite : (joie !) Césaire, Hikmet, Akmathova,

la deuxième question encore en suspend devrait être "la violence au théâtre" avec du Shakespeare,les pressentis seraient Titus Andronicus et Troïlus et Cressida, Viol de Botho-Strauss et ... le mystère, peut-être Camus, peut-être Genet puisque beaucoup semble dire que ce serait un français ou enore Koltès et son Roberto Zucco...Bref, de la joie, du bonheur, du prozac saupoudré dans chaque oeuvre et ça devrait passer...

Mis à part la comparée, je trouve le programme alléchant et j'espère ne pas flancher à l'inscription cette année. Résultats définitif dans le BO prévu vers le 15 juin. D'ici-là, rigolons un bon coup.

9 septembre 2009

retenues, adj. fem.

Retenues dans leurs écoles... trois enseignantes qui sont déjà touchées dans leur travail par la suppression d'une classe sont retenues dans leur école par des parents... les parents des élèves qu'elles font travailler... il faudrait peut-être arrêter de se moquer du monde... En est on arrivé à une telle méconnaissance de notre système éducatif pour croire que ce sont elles qui cherchent la fermeture de cette classe ou bien a-t-on oublié que ces femmes ne sont pas que des objets de ce même système. L'education Nationale se fout vraiment de la gueule du monde et ne bronche pas alors que les conditions d'enseignement sont ridicules... moi qui vous écrit je suis "payée à rien foutre" car remplaçante et pour l'instant sans classe, sans élève, pendant ce temps mon lycée de rattachement attend le recrutement d'un vacataire (étudiant sûrement) pour que les cours de français de BTS commencent...

Il y a des jours comme ça où la révolte inneficace est reine.

31 mai 2009

ingénue, subst. fem.

L'ingénue (qui ne veut pas dire ingénieur) est cette jeune fille délicieusement tarte mais séduisante que la littérature a érigé en type. A la suite de la lecture de Nana suivi de Effi Briest, je peux affirmer que l'ingénue me casse sérieusement les pieds.  Ingénu a longtemps eu le sens de Naïf, mais l'étymologie du mot exprime celui "qui a une condition libre". L'ingénue est en effet spontanée, s'écartant des normes sociales : Nana par la prostitution "mondaine", Effi par une spontanéité sans égale.

Lolita de Nabokov exprime un autre trait de l'ingénue : sa sexualité dangereuse. Ce n'est pas dans l'acte qu'elle se distingue mais comme dirait Zola dans le désir émanant de son sexe. Elle est  la femme, celle qui fascine tant par sa beauté que par sa naïveté.

L'ingénue c'est un peu notre blonde moderne (pardon pour les blondes). Elle est aussi appelée nymphette depuis Nabokov ou encore Lolita. En littérature le dix-neuvième nous a offert un beau lot d'ingénues : souvent des personnages secondaires d'ailleurs tant dans les romans de Flaubert ou de Balzac.

L'ingénu est une espèce bien représentée aussi : loin de Voltaire et de ses Candide et Ingénu au 19eme on trouve quantité de jeunes hommes naïfs. Puisque l'ingénu homme n'a pas cette dimension sexuelle (il est la proie de la sexualité justement) c'est un personnage souvent franc, et amoureux. Et combien de Frédéric, de Georges (appellé d'ailleurs zizi par Nana dans le roman du même nom), de Félix de Vandoeuvres trouvons-nous chez les réalistes ou les naturalistes.

Il faut bien des proies pour ces cruches d'ingénues.

26 mai 2009

lassitude, subst. fem.

On en est tous là. Les élèves comme moi. Une sorte de langueur nous prend et va s'étendre lentement jusqu'à la mi-juin. Les forces disparaissent comme mangées par la chaleur : était-ce judicieux d'étudier la lente et longue épidémie de Peste d'Oran en ce mois de mai? Je ne crois pas, mais ça n'aura pas été la seule erreur de l'année. Les élèves sont comme les mouches au-dessus des cadavres putréfiés. Les conseils de discipline ponctuent quand même ce long mois d'errement.

19 mai 2009

Prisme, subst. masc.

"Un rayon de lumière blanche, en traversant un prisme transparent, se décompose en une infinité de couleurs"

Pierre-Simon Laplace, Exposition du système du monde

17 mai 2009

Percy Bysshe Shelley, poète anglais

Percy Bysshe Shelley   1792-1822

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Percy a eu une vie courte et bien remplie : 30 ans tout juste. Il naît dans cette angleterre romantique de la grande époque, au milieu d'une génération de poètes formidables : Byron, Keats, Southey ... et en devient l'emblême incontournable. Percy Bysshe a une enfance tranquille et aisée, au collège d'Eton ses études révèlent un très bon élève. Mais Percy est aussi beau (les rares images léguées de lui ne le prouvent pas vraiment mais bon), frêle, chétif et extrêmement sensible : c'est un romantique. Dès 16 ans il écrit des romans inspirés des romans gothiques de Radcliff, s'entraîne à la chimie, lit Lucrèce en latin peut-être pour oublier que ses camarades l'appellent "Shelley le fou" ou peut-être pour qu'ils continuent : en s'intéressant à l'occultisme il gagne le nouveau surnom de "Shelley l'athée" ce qui à l'époque n'était pas mignon-mignon.

   Shelley aurait pu être ce premier de la classe raillé : lunettes et bretelles sur pantalon en velours, geek de l'époque victorienne : modèle pour le roman de sa future femme Mary Shelley : Frankenstein, mais Percy a autre chose dans le sang : c'est un anticonformiste.

   Shelley est amoureux de sa cousine, Harriet Grove, passion jamais consommée mais qui lui inspira de nombreux vers. Ces dans ses années universitaires à Oxford que Percy s'engage dans une vie qui fait de lui le hippie des victoriens. Dès 1811, à 19 ans, il publie un pamphlet : De la nécessité de l'athéisme ou Réfutation du déisme : il y va fort le Bysshe et d'ailleurs les emperruqués d'Oxford n'aiment pas et ils le virent. A partir de là, l'existence de Shelley devient révoltée, il va peu à peu s'éloigner des conventions sociales de l'époque.

    A commencer par sa vie amoureuse : il rencontre une gamine de 16 ans Harriet Westbrook et ni une ni deux l'enlève, décolle pour Edimbourg comme dans un roman et l'époouse. Nous sommes toujours en 1811 et il invite son collègue d'Oxford et coauteur du pamphlet : Thomas Hogg. Percy croit à l'amour libre, il propose donc le gîte, le couvert et sa femme à Hogg. La fillette n'est pas vraiment de cet avis. Le couple déménage donc et Percy se consacre à l'écriture. Mais le couple se délite et en 1814 Percy rencontre Mary Goodwin qui deviendra Shelley plus tard : il l'aime et puisque ses tentatives politiques ont échoué (il proposait un mode de vie libertaire, végétarien et communautaire, autant dire que les emperruqués n'ont pas adhéré à ça non plus) il l'enlève elle aussi, un peu. Recherché pour ses idées il court à droite et à gauche du Royaume-Uni et publie un recueil de poèmes : Queen Mab.

Oh! not the visioned poet in his dreams,
   When silvery clouds float through the wildered brain,
   When every sight of lovely, wild and grand                        
     Astonishes, enraptures, elevates,
       When fancy at a glance combines
       The wondrous and the beautiful,-- 

  Percy voyage alors et laisse ses amours en Angleterre : la France et la Suisse lui apporte une découverte de la nature qui le marque et en grand romantique il se dit que l'homme et la nature doivent s'entendre. Il retourne malgré tout en Angleterre et retrouve Harriet enceinte, ... et retrouve Mary enceinte : il embarque son petit monde dans la forêt de Windsor rejoint par Byron et sa femme,... enceinte. Au milieu de ces gros bidons il fait du canot, mange de la viande, compose avec ses potes poètes, écoute les femmes jouer  de la guitare : une vie  en communauté libre. Mais ça se gâte quand Harriet (qui reste sa femme) accouche : papa Shelley, petit baron se fâche tout rouge et rapatrié Harriet et le bébé. Percy embarque de nouveau Mary et la maîtresse de Byron en Suisse  cette fois. Nous sommes en 1815 : la plus belle période de la vie de Shelley. Ca ne dure pas : Harriet laissée à Londres se noie enceinte : suicide ? Shelley est loin et en profite du coup pour épouser  Mary Goodwin. Clara, la nana de Byron est toujours là. C'est dans ces circonstances qu'il écrit La révolte de l'Islam  son chef d'oeuvre pour beaucoup.

Portrait_of_Percy_Bysshe_Shelley_by_Curran_2C_1819

   Comme il est interdit de séjour désormais en Angleterre il s'installe pour finir en Italie, rejoint Byron, lui rend femme et enfant, et fait un peu de tourisme. C'est un moment de grande création : il publie notamment Prométhée délivré et L'ode au vent d'ouest (vers 1818) :

Toi qui dans le déchirement du ciel vertical, emportes

comme les feuilles pourries de la terre les nuages défaits

Arrachées aux branches mêlées du Ciel et de l'Océan.                      lire la suite ici.

En 1821 Keats meure, Shelley compose Adonaïs et s'installe enfin avec Mary : il est pris d'une folie créatrice et intellectuelle. Il traduit, il écrit, il aide Mary pour son Frankenstein et papillone aussi. En 1822 il décide de naviguer et construit un voilier avec un pote, fondu de Shakespeare il l'appelle Ariel : du nom de l'esprit forcé de servir Prospero dans La Tempête. Ils partent un jour d'été mais deux heures après ils font naufrage, pris dans une tempête et leurs corps sont rejetés sur la plage dix jours après : vie romanesque et mort romanesque, incarnation du Romantisme par sa vie et ses idéaux, Percy Bysshe Shelley reste la référence du romantisme anglais par une oeuvre variée (tous les genres) et des idées étrangement modernes. Marx l'aimait beaucoup.

  Son corps est brûlé sur la plage et ses cendres reposent à Rome.

"Pour l'amour et la beauté et le bonheur il n'y a ni mort ni changement.» 

          shelleyetshelley

Mary et Percy : monument de Weekes

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15 mai 2009

lecture, subst. fem.

La lecture n'est plus un passe-temps, elle disparaît au profit de la communication. Pourtant, un livre communique, c'est l'auteur qui nous parle de nous, de lui, du monde. J'ai bien tenté de dire ça  à mes secondes, ils ont ri. Du coup je pense sérieusement placarder sur la porte de ma salle de cours cette citation de Montaigne : "une heure de lecture est un remède contre tous les dégoût du monde". Enfin, pour ça il faudrait que j'ai une salle attitrée, et puis un bahut attitré aussi...

Descartes rappelle que " la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec tous les honnêtes gens du passé" dont il fait partie aujourd'hui. Passer une heure en compagnie de Diderot est toujours instructif, c'est le petit rigolo de la bande, qui sait être sérieux quand il faut, Rousseau c'est l'ami geignard mais qui nous rassure : il semble nous dire "vas-y plains toi ! Ca fait du bien!". Voltaire lui c'est le fort en géopolitique qui arrive toujours à vous faire voir les choses sous un autre angle tandis que Sade c'est la copine avec qui on parle de cul. "la lecture est une amitié" c'est Proust qui le dit et quel plaisir de prendre le thé avec lui.

Daniel Pennac a donné les dix droits du lecteur :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

à distribuer aux élèves en début d'année ou à faire lire dans Comme un roman ce qui permet une mise en abyme phénoménale de leurs pratiques de lecteur.

Alors quoi, pour leur faire changer d'avis, chaque cours va commencer par un extrait lu ...

Marchera, marchera pas, lire ce n'est pas que lire pour soi, quand c'est lire pour les autres ça marche aussi !

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14 mai 2009

Rumeurs, subst. fem.

Je suis en plein dilemme : agregation ou cours de yoga ?

Vais-je me relancer dans le concours ? Ou irai-je plutôt me détendre avec des mamies en collant fluo ? Au vu du programme, les mamies paraissent plus sympathique qu'une année de torture pour à peine être admissible, voici les réjouissances présumées puisque le BO n'est toujours pas paru mais que certains ont l'oreille fine:

Entrée : Moyen-Age et XVIème : Chrétien de Troyes Erec et Enide et Ronsard Discours sur les misères de ce temps...  (joie !)

Hors-d'oeuvre : XVIIè et XVIIIè : Fénelon, Télémaque Marivaux La dispute, la second surprise de l'amour

Menu (gros gros menu) : XIXè Rimbaud (oui, oui)  Les poésies ( aïe !)

Fromage ( ça commence à être dur à avaler)  : Genet Le balcon  et Les bonnes

Dessert : reconduite du programme 2009  destinées féminines dans le naturalisme européen

Zola, Nana, Fontane Effi Briest , Thomas Hardy Tess d'Uberville

Pousse-café (bien corsé siouplait) : L'épique poétique au XXème

Nazim Hikmet, Paysages humains, Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Pablo Neruda, Chant général, Anna Akhmatova, Requiem

De la joie et du bonheur... allez je me lance, mais je crois que c'est juste pour rire.

en attendant confirmation

14 mai 2009

félicitations, subst. fem.

Et oui, un pas de fait !!! Bravo François ! Courage pour la suite...

9 mai 2009

Tristan Corbière

Tristan Corbière 1845-1875

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     Tristan Corbière a vécu trente ans. Trente années qui n'ont produit qu'une oeuvre Les amour jaunes mais trente années qui lui ont suffit pour accéder à la postérité. Son existence miséreuse ne lui apporta pas la gloire, c'est Verlaine qui le fit puis les surréalistes.

Corbière est donc né en 1845 d'un père de plus de 50 ans et d'une mère de 19, dans la Bretagne des alentours de Morlaix, près de la mer tumultueuse que j'aime tant. Lui aussi. A 14 ans il aimerait être marin mais il est envoyé à Nantes pour ses études et manque de pot, dès ce jeune âge il ressent les premières douleurs de la tuberculose. Envoyé à Roscoff "la Nice du Nord" (ah ! ah!) il est condamné à regarder la mer par les fenêtres. Dans cette solitude il compose des poèmes, ceux qui formeront le recueil des Amours jaunes

Toujours aussi malade, au sortir de l'adolescence, Corbière se fait appeller Tristan (Triste En Corps Bière) prénom qui convient mieux à sa destinée, il n'est toujours pas guéri de sa "coqueluche pour la mateluche" et puisqu'il est laid (il s'appelle "le crapaud") il se déguise poour écumer les bars de marins, une pipe, un chapeau et invente des récits de naufrage pour épater les donzelles.

La Bretagne est à  la mode chez les peintres et les auteurs : Gauguin, Flaubert, ... tous font le détour par Pont-Aven et le Finistère, se liant d'amitié avec ces bohèmes artistes Corbière  fait encore le show et les parisiens l'adorent. "coloriste mais blême" il part sur les routes avec Jean-Louis Hamon, à Capri où il se mêle à d'autres peintres exerçant lui-même le croquis.croquiscorbiere (cf. à droite)  De retour à Roscoff Tristan rencontre celle qu'il surnomme sa "cigale" une actrice d'origine italienne, Armida qu'il appellera Marcelle, vraiment la plus belle maîtresse d'un de ces amis. Il emmène sa douce voguer un peu mais à son départ, le prénom qu'il s'est choisi prend tout son sens : inspiré par Tristan de Loonois fou de son Yseult il s'enferme et rédige un poème d'amour qu'il déchire au matin... grande tragédie ou grande comédie, on ne sait jamais avec Corbière qui raconte cet épisode dans le poème Le poète contumace .

      Mais dans ce trou qu'est Roscoff au milieu du XIXème siècle, les poètes ne font que passer, ainsi Tristan s'en va à Paris, essayant de devenir dandy. Mais l'ami de Marcelle est toujours là, Tristan tient donc la chandelle à Paris comme à Douarnenez où il emmène promener Madame et Monsieur. Un peu lassé d'être la troisième roue du vélocipède Tristan découvre les joies de Montmartre lui qui habite Boulevard Clichy, il se délasse donc d'une existance légère tandis que Marcelle est avec Monsieur. La poésie revient au premier plan :  puisque les Amours sont catastrophiques, les Amours jaunes paraissent en 1873, à compte d'auteur, payé par papa Corbière. Un tout petit succès pour le recueil. Ce n'est qu'en 1883 que Verlaine s'enflammant pour ce "poète maudit" comme il les aimait tant amènera le recueil a être republié. Mais nous allons voir que cela n'affectera pas Tristan.

   Ce qui l'affecte en 1875 c'est la maladie, malgré le petit succès, malgré Marcelle qui enfin accoure à son chevet Tristan a la désagréable sensation d'avoir craché sur sa poésie et son amour dans ses poèmes : car maintenant qu'il est populaire, à quoi sert-il d'être amer ? D'autant qu'il meurt et qu'il plaisante même d'être emmené chez le Dr Dubois "celui dont on fait les cercueils" et il devient ce "petit mort pour rire" en mars 1875. 

"Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes —
Va vite, léger peigneur de comètes !"  Petit mort pour rire

7 mai 2009

beatnik, subst. masc.

La littérature américaine connaît son heure de gloire :  de nombreux romans paraissent ces derniers temps ou sont redécouverts, ils forment le nouveau pôle d'attraction littéraire de cette dernière décennie. La "beat generation" avait déjà eu son petit effet dans les années 50-60 en mettant sur le devant de la scène des auteurs tels que Kerouac, Ginsberg ou Burroughs...

"Beat" avait à cette époque un sens assez éloigné du Beat des Beatles, ce n'est plus le rythme que le mot représente mais dans l'argot de New York des années 50 c'est "usé" que signifie ce terme. En fait, le mot vient de plus loin encore puisqu'au XIXème siècle un beat  est un vagabond, celui qui traverse le pays en errant de train en train, celui qui voyage insolemment par les trains de marchandise. Le beatnik c'est donc ce marginal des fifties qui tourne le dos à l'american way of life et qui s'use sur la route. Le mot beatnik est d'ailleurs consrtuit sur le mot Spoutnik, satellite russe, rappellant ainsi que ces chevelus on the roadn'étaient rien d'autre que des ennemies de l'amerique bien pensante des années 50 soit des communistes !

Communistes ou non ce n'est pas l'engagement politique qui est le réel propos des auteurs Beat, ils mettent en mots leurs aventures qu'elles soient terrestres ou artificielles. Drogues, alcool, évasion chamanique par le voyage, les beats expérimentent et mettent en mots sans autre souci que le partage de sensations, ils privilégient les formes spontanées, voir l'écriture automatique sans être des surréalistes ricains.

Sur la route  reste le roman-phare de ce mouvement littéraire mais aussi social. Kerouac y illustre ce refus du monde en changement qui caractérise les auteurs du mouvement, il nomme d'ailleurs ses textes en prose "aventures narratives". Contrairement à ce que l'on pourrait penser Kerouac a une vraie réfléxion sur son écriture, cela lui valut d'ailleurs une critique acerbe de Truman Capote qui avec son Breakfast at Tiffany's  ne vivait clairement pas dans le même monde : "les textes de Kerouac sont tapés et non écrits".

Sur la route   est un livre culte, sa rédaction en elle-même fait l'objet de tous les fantasmes : écrit en trois semaines sur un rouleau de papier de trente-six mètres de long, Kerouac n'y aurait apporté aucune retouche... mais il lui fallut six ans de corrections et de retouche sur le manuscrit pour qu'un éditeur trouve enfin le texte compréhensible. L'histoire est celle de Sal Paradise et de Dean Moriarty sur la route. Coppola en détient pour l'instant les droits et le film serait en pré-production, mais Sean Penn l'a presque déjà fait avec Into the Wild  qui retranscrit le sentiment privilégié des auteurs de la beat generation ainsi que ses limites : la liberté.

"les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d'être sauvés, qui veulent jouir de tout en un seul instant, ceux qui ne savent pas bailler"

A lire : Sur la route de Kerouac mais aussi le poème America  de Allan Ginsberg, a voir : Into the wild de Sean Penn

1 mai 2009

John Kennedy Toole

JOHN KENNEDY TOOLE 1937- 1969

Pour inaugurer cette section des "poètes maudits", nous avons un maudit de choix : John Kennedy Toole auteur de deux romans  : La conjuration des Imbéciles ( A confederacy of Dunces) et La bible de Néon  (The Neon Bible) les deux édités chez 10/18. La bible de Néon est un texte de jeunesse qui é été réédité grâce au succès posthume et tardif de La conjuration des Imbéciles.

J. K. Toole n'a pas connu la gloire : originaire de La Nouvelle Orléans, ville de tous les possibles dans son roman, il devient professeur tout en s'adonnant à sa passion de l'écriture. Il part pour Porto-Rico effectuer son service en 1961, et termine son roman. C'est là que les choses se gâtent. Fier de lui, à juste titre, Toole considère son roman comme un chef d'oeuvre. Cependant, aucune maison d'édition ne semble partager son avis, il y insère donc cette épigramme de J. Swift le maître de l'humour noir : "Quand un vrai génie apparaît dans ce bas monde, on le peut reconaîttre à ce signe que  les imbéciles sont tous ligués contre lui". Cette pique vaut tant pour l'auteur que pour le personnage principal Ignatius Reilly, gros fils à sa maman, génie incompris de ce  monde et soumis aux facéties de son "anneau": un gros fouteur de merde rabelaisien pris dans la roue de la fortune du de consolatione de Boèce. Reilly est lent, fainéant, associal, tyrannique, extrêmement cultivé mais finit tout de même par devenir vendeur de hot dogs et tente même de créer le premier parti politique gay des Etats-Unis...

Toole quant à lui n'accomplit rien de tout cela, la conspiration qui semble se liguer contre son génie le pousse à 32 ans à se suicider dans sa voiture en reliant le pot d'échappement à l'intérieur de la caisse, dans le garage de ses parents.

Mort, Toole passe le relais à sa mère qui inlassablement tente d'éditer l'oeuvre de feu son fils, elle contacte les éditeurs, harcèle les auteurs et finit par être reçue par Walker Percy, auteur majeur du Sud des USA aux côtés de Faulkner. Celui-ci raconte dans la préface du roman qu'il a bien voulu ouvrir le manuscrit du fait de l'obstination de la mère Toole. cette lecture l'épate et il soumet à ses éditeurs le roman, avec succès.  Le roman est donc finalement édité en 1980, et c'est là que débute l'ironie : le roman est un immense succès, il se vend à 1, 5 million d'exemplaires et est traduit dans dix-huit langues. Toole avait vu juste et son chef d'oeuvre est récompensé en 1981 par un Prix Pulitzer posthume. La roue de la fortune qui hante Ignatius s'étant mis en branle et venant à démentir la phrase de Swift, le roman devient même un livre culte comme le montre les articles consacrés sur le net. Ignatius s'incarne désormais dans La Nouvelle-Orélans face au magasin où débute le roman ( voir ici) . Le personnage semble même faire partie du folklore local et est souvent représenté comme le serait notre Pantagruel.

La jouissance de la lecture de La conjuration des imbéciles provient de cette ironie du sort mais aussi de la réelle qualité d'écriture du roman ( inventions verbales, multiplication des points de vue, insertion de lettres, jeux de mots) notamment dans la construction des personnages. Santa, Myrna, Ignatius ou Mme Reilly tous sont très vite définis presque caricaturés et leurs interventions sont toujours un régal tant Toole maîtrise le mimétisme avec la langue parlée. Chaque personnage a son propre langage, ce qui crée évidemment des tensions entre Ignatius et d'autres mais cela permet aussi à l'auteur de constituer une galerie de presonnages truculents de La Nouvelle-Orléans. Le roman est ainsi riche en rebondissements comme en style, surprenant,  captivant et peu de pages laissent de marbre tant la dimension grotesque du personnage d' Ignatius est poussée.

La conjuration des imbéciles  est diponble chez 10/18 pour une somme modique et je ne connais personne l'ayant lu et détesté.

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13 avril 2009

Fresque, subst. fem.

Où sont passées les grandes fresques littéraires et sociales ? (non pas qu'elles me manquent ...) Zola et Balzac ont-ils créé un monstre retombé dans l'oubli ? Le rêve de classifier la société existe pourtant encore, peut-être même plus qu'avant. Aujourd'hui on catégorise ceux qui ont une rolex à 50 ans et ceux qui n'en ont pas, les métro-sexuels, les übersexuels, les homosexuels, mais aussi les geeks, les otakus, les chalalas, les roots, les hippies, ... bien plus de classes étiquettées qu'avant et aucun romancier pour mettre ça en mots.

Peut-être qu'il n'y en a pas la matière, d'ailleurs ? Ou peut-être qu'à force de rechercher un sujet on passe à côté de celui du moment. La déconstruction du roman des années 60 à fait son oeuvre... mais peut-être aura-t-on un jour une nouvelle Comédie Humaine?

12 avril 2009

mort, subst. fem.

Elle vous prend toujours par surprise et comme dans les romans "lorsque le téléphone sonna et que j'entendis sa  voix, je sus que quelquechose était arrivé"...

En ce moment, lecture de La conjuration des imbéciles  de Toole : bientôt un message sur cet écrivain maudit.

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